1030.
Non fumeur, j’ai décidé voici trois ans de consacrer l’argent de mes cigarettes à l’édition de livres disposés à partir en fumée.
Chaque livre me coûte, pour le moment, en déficit net, cent cinquante paquets de cigarettes dont je m’épargne la nausée.
En confiant l’impression à des ouvriers bulgares exploités sans honte ni retenue, j’aurais pu depuis longtemps équilibrer mes comptes et me mettre à fumer en
réduisant à rien l’achat de cigarettes.
Des collègues éditeurs [ici la liste des noms], beaucoup plus militants mais bien moins scrupuleux, ont fait le calcul avant moi. Ils ont cependant oublié le
plaisir compliqué que je m’offre, précieux comme le cancer dont ils hériteront : leur cracher dans les bronches.
[– Qui a cliqué ? car quelqu’un a cliqué.]