1054.
Sur le point d’envoyer mon dossier, me revient en mémoire le conseil avisé d’une éditrice, auteure à ses moments, lors d’un salon de poésie (ça réduit les possibles
sans trahir ma voisine) : « Ne comptez pas sur les ventes pour vivre dans l’édition. Faites des demandes de subventions. Ça vous épargnera de passer la journée crispé sur le niveau des
piles. »
Une subvention et, du même coup, je règle la question des libraires, des lecteurs, des stocks et des critiques ! Une subvention à l’impression, une centaine
d’exemplaires en vitrine, et puis en route vers le pilon, ce lecteur assidu de pans entiers de la littérature contemporaine.
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Connaissance
du
monde
1-Devenir une archive
Être quelqu’un dans le mauvais camp ou une
image d’archive, c’est égal après tant d’années. On est un ridicule qui court en applaudissant après de meilleurs que soi, lesquels filment depuis une voiture, un plateau de camion ou un cul de
char. Juste une
fraction de pellicule… Lui qui court est mal coiffé, il est sale comme c’était vrai. Son veston est trop épais, il sent même à la vue, longtemps encore après et pour quelques siècles. N’être
qu’une image d’archive, c’est être un gars qui court après la Libération, la victoire d’un camp ou de l’autre, un gars emporté sans volonté aucune, lui qui n’a rien fait que d’entrer en archive
plutôt qu’en conflit au hasard du temps et de la rue où il traînait. Il rit et applaudit et ses cris n’ont pas de sens, le son ne leur est pas donné, à lui la parole jamais, la musique et le
commentaire couvrent le capharnaüm de la rue, comme les années sa vie. Lui court après l’image d’archive qu’il devient, il le saura plus tard ou bien jamais. Il n’est personne, strictement une
archive. Être quelqu’un dans le mauvais camp, tant qu’on devient une image d’archive. Remporter une victoire ? Qu’importe.