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– La fonction du critique est de sortir de soi pour rendre intelligible aux autres sa lecture subjective d’un ouvrage, se dit David Marsac, air docte, bonnet
phrygien, plus de petit miroir. Mais comment parler du dernier Jean Rolin sans avoir dépassé l’ennui subjectif des quinze premières pages (gratuites, une aubaine) de ce livre ?

 


Je suis cerné par Jean Rolin, roulé de la marge au sommet et du centre à la base par Jean Rolin. À la radio Jean Rolin, dans mes rêves Jean Rolin, dans les journaux Jean Rolin, chez les libraires
Jean Rolin, une vraie chanson d’automne. Jean Rolin est partout. Aurais-je dû m’y attendre ?  Les éditions Cent pages, rebelles Cent
pages !, publient du Jean Rolin…  Alors, vaincu, ne doutant plus, soupçonneux par principe mais guère plus, heureux enfin de lire un écrivain en matière mélangée, majoritaire
minoritaire, j’achète de Jean Rolin, poing levé, militant, L’Albatros est un chasseur solitaire, « publié avec le concours de la Marine
française. »

 


J’aime l’humour des éditions Cent pages. Mais j’attends les nouveautés de l’éditeur depuis deux ans, langue pendante, naufragé sur mon île, et me voici la cible de la Marine française.

 


Jean Rolin. 56 pages. Toujours même problème. Comment parler du deuxième dernier livre de Jean Rolin en critique subjectif & compétent ? J’ai beau sauter des passages entiers, y revenir,
ressauter, revenir, à nouveau ressauter, gymnaste infatigable, et lire ce livre dans un désordre sans nom, je retombe toujours dans Jean Rolin, sujet verbe complément, nom prénom Jean
Rolin.

 


À moins d’une crapuleuse affaire d’usurpation d’identité dont Jean Rolin serait la victime anonyme dans un polar écrit par Jean Rolin dédoublé, je ne vois plus personne, pas même le petit
éditeur, pour mettre un terme à la démultiplication de Jean Rolin dans l’espace littéraire.