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Se chercher un père a toujours constitué pour les héros classiques une affaire plus douloureuse que de reconnaître le ventre maternel. Sans doute
parce qu’il faut accepter le ridicule des possibles dans cette portion mineure qu’ont les hommes dans l’enfantement. Les danses nuptiales, les chants de séduction, les parades amoureuses,
les tours de force, les coups de dent, les bassesses, les râteaux, les loupés, les éjaculations précoces, les dépenses, les vestes mal taillées, les concours de culturisme, les marathons, dès
qu’il est question de procréation, les hommes ordinaires traînent toujours leur folklore d’humiliation. Retrouver un père, c’est visionner ces bouts d’essais foireux et s’enfoncer dans le réel.
Dieu merci, j’ai été conçu à l’antique, sans transaction, avec la brutalité des certitudes. Le coup de rein paternel se réduit à rien, l’hérédité est remise à zéro, le calendrier itou, pas de
repas de famille, que du neuf à venir, que du rien si on ne se bouge pas un peu. Je mouline donc.
Dachau Arbamafra, Le Golvan (à paraître en mars 2012)
Je suis contente que vous vous soyez mis à écrire, je veux dire à épouser la forme du livre ou de la chose, roman, essai, poeme, pamphlet, appelez ça comme vous voudrez, c’est moins tendineux,
mais tout aussi musclé, c’est plus lent, il y a comme un prolongement, je veux dire jusque dans le rythme de la chose, je devrais me taire, et ne rien dire, je ne sais pas le dire, sauf à
sursauter de la bouche et j’en passe, je vous entends autrement, ce ne sont pas des bruits, cela m’a tout l’air d’être juste et puissant