837.
Je suis Paule au matin dans la maison froide et humide et puante
Je suis Paule la Silencieuse
Je m’habille de laine d’automne élimée, j’ajoute la veste kaki qui était au père et qui pèse lourd sur ma robe, enfonce mes pieds dans les sabots de ma mère, ouvre la porte et sors
L’air glacé arrache mes vêtements
Je suis Paule nue debout, je repasse la porte, retourne dans la maison, j’enfile le pull épais et rouge à l’odeur d’étable, le pantalon que la corde serre, le châle troué, ouvre la porte et
sors
Je me cogne à la brume vicieuse qui ajoute son épais sur mes épaules
Je suis Paule voûtée, je repasse la porte, entre dans la maison, chausse les souliers d’Alexandre le Pendu, protège ma tête du bonnet rayé, enfile les gants citron aux doigts troués, m’arme d’un
parapluie et alors
Je suis Paule l’Invincible, je franchis le seuil, la première marche, referme la porte
De loin la silhouette de mon frère, le soleil qui se lève sur le canon du fusil dans la saignée de son bras.
Perrine Le Querrec, Le Plancher, à paraître en mars 2013 aux Doigts dans la prose
Les 4 extraits sont appétissants, même si « le tout » doit être plutôt hard. Non ? Je le mettrai sur FB, le moment venu…
J’ai lu les articles sur « Jeanne » : captivant aussi ! 🙂