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Je n’ai rien contre le plaisir de lire, ni contre Jean-Echenoz (ni-Kerangal), rien non plus contre le lecteur, il a tout mon soutien, un voile pudique jeté sur sa dépouille (Sache aussi que tes goûts sont mortels), non rien absolument, si ce n’est que je n’ai pas le goût des phrases digestives – tisane ou infusion du soir ?
« On passe à table et, bien qu’on ait prévu de petites parts prédécoupées pour l’amiral, celui-ci manifeste une belle adresse pour manier sa fourchette et son couteau d’une seule main – c’est encore qu’au large de Santa Cruz de Tenerife, comme à bord du Theseus il projetait de s’emparer d’une masse d’or convoyée par un navire ennemi, Nelson a été atteint par un tir de mousquet qui, fracturant son humérus en plusieurs points, lui a soustrait l’exercice de son bras droit aussitôt amputé. »
Caprice de la reine
Ce n’est pas tant une mauvaise phrase qu’une phrase qui n’y est pour personne, une phrase rincée d’avance, une petite phrase prédécoupée pour un lecteur nourri aux petits riens de l’existence mâchée par la machine éditoriale – des riens portant la mort au cœur des gens et du langage.
À chaque parution, Jean-Echenoz est plus qu’un événement, il est notre Chevènement (notre Chirac, notre Hollande), plus qu’une langue, il est notre Jack-Lang, une bourrique essorée qui tourne dans le manège public au trot de petites phrases accompagnées de ce que la sciure absorbe vite – tagada, ploc, ploc. Jean-Echenoz, c’est l’occupation des cerveaux disponibles à l’heure des librairies indépendantes.
…lui a soustrait l’exercice de son bras droit…
…lui a soustrait l’exercice de son bras droit…
– À toi, P.N.A. !
Je te trouve bien dur. Une phrase qui commence par « On passe à table » et se termine par « aussitôt amputé », c’est quand même assez drôle.