1031.

La vie est un roman qui avancera sans toi, écrivain. Chante-moi plutôt la colère d’Achille.

 

Or, Muse…

 

– Ta gueule.

 

Ils ne se sont pas rendu compte que les récits préexistaient à l’écriture. Alors Ils se mettent à raconter leur vie et c’est comme du chausson aux pommes pour le
lecteur, de la galette des rois. Brioche ou pâte d’amande (au choix) ?

 

J’ai pris chez Balzac des leçons d’écriture et de faillite. C’est Balzac boudiné qui fait œuvre et littérature – ce qui déborde.

 

En écoutant à la radio d’hier des écrivains de circonstance parler de leurs livres, le temps d’un court trajet discontinu, le journal, la boulangerie, il m’a paru
que la littérature qui s’impose aujourd’hui n’est pas tant pleine de professeurs que de premiers de la classe.

 

Le ton, la voix, le sens précis des genres et des catégories, le cran d’arrêt des citations, menace, distance, le simulacre du trouble existentiel très délicat, pli
du doute dans la voix – L’écrivain sait très bien qu’il doit donner des gages à des lecteurs qui lui ressemblent (ici : être rebelle et sage). 

 

C’est un mauvais garçon qui connaît ses conjugaisons.

14 Replies to “1031.”

  1. ll dit :

    Un conte africain raconte que jadis la mort venait chez toi à visage découvert. Cela se convenait
    comme d’un rendez-vous ancien, à échéance avec plus ou moins d’impromptu. On s’arrange pour être présentable ; je chante mon nom au seuil de la case. On m’accueille ; on m’offre à
    manger, on palabre longtemps. Il faut toujours entretenir la relation avec le client ; il faut toujours raconter un peu plus pour finir. Une fois instruits l’un de l’autre, j’offre mon bras
    et nous partons. Passé le seuil, j’embrasse là le beau visage et plic ! Un beau crâne roule à terre. C’est ainsi ou, du moins, c’était ainsi que la simplicité réglait la coutume
    jadis.

    Mais bon ; il m’est arrivé depuis de ces entourloupes et de ces coups tordus, bref, tant
    d’incivisme m’ont contrainte à moins de civilité. J’entre sans frapper en voyou mal débourré et je sens bien que j’en déçois encore quelques-uns, plus courtois, des nostalgiques, ou alors des
    plus instruits… Mais quoi ; de nos jours, il s’en passe tellement qu’on se radicalise plus qu’on ne voudrait. En somme, je biffe et raye sans règle, à main levée : distante. Plus de
    visites, plus de palabres, plus de proximité, de lien social ! Plus grand intérêt à franchement parler. C’est de l’enregistrement serré, pur et simple : une vrai boulot de conne.

    C’est devenu du classement en retard, de l’archivage, si bien qu’on fait traîner le client et ce
    n’est pas flatteur pour l’image… C’est même assez simple dans son principe : il s’agit de répartir les arrivages selon leur cursus. Attention ! j’entends par « cursus » le
    trajet réel parcouru par un tel ou un autre, les destinations, les pays visités ou traversés, les routes, les départementales, jusqu’aux chemins vicinaux ! Tout ! tout ce qui a pu
    manger les semelles des souliers. Le but étant de mettre ensemble des gens qui auront fatalement quelque chose à se raconter : un point commun, un itinéraire, des coïncidences, de quoi tenir
    une éternité…

    Par exemple. Un Orléanais qui n’aura de sa vie connu que la Costa Brava en août, Oxford à Pâques,
    les caisses de Carrefour deux fois la semaine, la Fnac en extra et la Thaïlande une fois ; celui-là côtoiera des aventuriers de même acabit. C’est devenu un véritable casse-tête
    géostratégique ! Heureusement, tout ceci est assisté maintenant.

    Il y a surtout une hiérarchie dans les catégories. Les seigneurs, les prioritaires, restent les
    Cap-horniers. Ah ! oui ! Donc, d’abord les Cap-horniers, d’où qu’ils viennent et quoi qu’ils aient pu faire par ailleurs. Non, c’est une clientèle très à part, vous savez . Puis
    viennent les désertiques, natifs ou pas. C’est comme ça, je ne suis pas responsable de tout. Puis les sous-mariniers, les aériens et enfin les méditatifs.

     

    Après, on passe à un traitement de masse ; au retard en fait. Aux infinies subdivisions selon
    que tu habites tel ou tel bled et selon tes trajets. D’ailleurs, entre nous soit dit, et c’est plus un conseil qu’une pensée égoïste : mieux vaut s’être tapé quelques bouchons, des heures de
    queue à Louxor que d’avoir bourlingué sac à dos par tous les lieudits Pygmées ou Inuits. Parce que, au final, on est bien moins seul…

  2. l dit :

    Je te raconte la fin. Ce sera beau, j’espère. Elle sera à la fois très triste et très jubilatoire.
    Nous serons assises exactement là où nous sommes maintenant, après une nuit absolument amoureuse, comme celle-là. Il n’y aura plus rien à raconter alors. Il n’y aura plus qu’à patienter, que les
    yeux retrouvent leur usage. Et puis, à mesure qu’il se lèvera, que la montagne gigantesque se redressera pour nous, nous monterons en excitation, nous nous congratulerons de sa venue, si fatale
    et pourtant si inespérée. Nous pleurerons de bonheur dans les bras l’une de l’autre. Il se lèvera au large de Banyuls. D’ici sur le col, c’est le meilleur endroit. Il sortira tout à fait pour
    nous brûler les yeux et nous le louerons, et nous l’applaudirons comme deux babouines, avec des saccades de cris aigus et sauvages : le soleil !

  3. le 18 dit :


    Les voitures garées sur le trottoir en face respirent; je le jure.

  4. bourgeoisement Furetière dit :

    Et que
    personne ne nous fasse croire qu’il écrit un roman ! Là maintenant dans sa vie ! Compris ? Parce que la vie,
    ça ne prend pas ; ça n’est pas crédible. Ah ça non!

  5. Anastasia dit :

    David ! Je vous laisse répondre directement à ce Borges-Minotaure. Dégommez-lui les orties et tressez-nous les lueurs ! A un de ces jours ! Je pars en voyage !

  6. Anastasia dit :

    Néréide, à venir

  7. twitx dit :

    J’ai l’idée ! J’ai ! J’en ai
    une ! Une idée de roman neuve, forte, positive, putassière comme tu peux pas imaginer !

    COMMERCIALE !  Voilà, c’est
    lâché !

    …Quoi ça pue ! Quoi quelle
    horreur !

     

    Et quoi ! Et toi qui lis chez Leclerc quand
    tu te trompes de gondole : VENISARD, va !

  8. sui dit :

    je cherche comme
    une poule d’eau pour mes pneus, 

     

    une posture
    dégueulasse mais fuyante.

  9. idibid dit :

    Une question neutre, pacifique, disons.

    Où est votre corps Anastasia, ou plutôt, jusqu’ou m’en dessinerez-vous les faillites, vous vaporée, moi les mains vides.

    Car elles sentent mes mains…

  10. taxignomique dit :

    « premiers de la classe.

     

    Le ton, la voix, le sens précis des genres et des catégories, le cran d’arrêt des citations »

     

    JE coche! D’autant que je suis encore tout fumant de l’exercice, citations en moins( n’est pas con qui
    veut).

    Bientôt le tirage…

  11. Anastasia dit :

    Elle quitta le royaume qui avait coulé ses forces jusqu’à la mer.

  12. Anastasia dit :

    Elle quitta le royaume qui avait coulé ses yeux jusqu’à l’oubli, car toute chose
    s’efforce vers la lumière.

  13. Anastasia dit :

    Ce monsieur est un architecte qui aime les formes qui ne soient pas gratuites, autant vous dire que nous n’avons rien en commun, chez lui c’est le texte qui fait le corps, ici, c’est le corps qui
    fait le texte, il vise les recoins quand nous n’avons que des bords.

  14. Anastasia dit :

    Personne ne croit à ce que vous dites DAVID MARSAC, et surtout pas vous, et pourquoi vous le dites alors, à quoi vous le dites, et
    pour qui, et comment, c’est ça qu’il y a au fond de vous, c’est ca que vous nous dites de LA VIE, c’est ca qu’il y a au fond DE VOTRE ECRITURE, c’est ça, c’est ca que vous diriez, c’est votre
    premiere phrase ou votre derniere DAVID MARSAC ???, c’est ça que vous pensez, tout ça parce qu’on a dit le mot d’écrivain, moi je simulacre ? Tu oses me dire ça ? C’est ça que tu as à dire ?
    C’est ça que tu appelles ressentir ?

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