610.
C’est au moment où la littérature ne nourrit plus son homme que se mesurent les vocations (des écrivains, des éditeurs, de leurs lecteurs).
Qu’un auteur à succès exige des royalties, le bon sens et le droit s’accordent pour lui donner raison ; mais qu’un écrivain sans public demande à être payé, voilà
qui frise l’insolence et l’abus de confiance.
(Il est souvent utile d’envisager les deux problèmes d’une même question.)
2 Replies to “610.”
Comments are closed.
L’effroi chemin
Dire une forme de merveilleux
Il n’y a pas deux problèmes à une meme question, il y en a beaucoup d’autres, il y a ceux qui ont des tares, et ceux qui les denoncent, peut etre parce que les tares des uns ne
s’accordent pas avec les tares des autres. Il y a certaines personnes qui essayent, et cet essai, cette biffure, ce brouillon prend les traits d’un hoquet dantesque, comique, prétentieux,
triste, incessant. Il n’y a pas d’ambition déplacée. Ce n’est pas une histoire d’ambition. Je ne veux pas dire, ici, ce que c’est. Ce n’est pas une excuse de le dire, ni un aveu
qui supprimerait cette partie de nous memes dont on se passerait bien. C’est une réalité, un prix à payer, et nous cherchons la forme qui puisse etre le moyen de nous dire
justement, sans complaisance, sans orgueil. Mais en creusant en nous memes jusqu’à la forme de nous memes. En essayant de voir plus loin, pas demesurement plus loin, plus clairement,
pour trouver la langue qui corresponde à ce que nous sommes : rien de merveilleux. Et il nous faut traduire. Pour le dire, il me faut l’admettre. Essayer est la seule façon que j’ai
trouvé pour, non pas conjurer le sort, mais le laisser dire, et tenter d’en faire quelque chose. Le sort comme une absence de libre arbitre, pas un sortilege, une structure, ça revient au
meme. Alors, des maladresses, des choses ridicules, des propos appuyés, sans interet, et cette insistance à se regarder, à le remarquer, à le faire remarquer, on peut choisir d’y
lire une incapacité, un ennui, une absence, une vacuité, un refus, on peut lire un detournement de soi meme ou la simple expression de soi meme. Je ne cherche pas à vous attendrir.
Je ne suis pas attendrie de ce que je suis. J’aurais préféré etre quelqu’un d’autre. Je ne cesse de me tromper de chemin. J’ai besoin de traduire ma fiction. C’est la seule
possiblité que j’entrevois. Une petite fiction. Mais au moins le faire. Ce n’est pas d’argent dont j’ai besoin, il ne s’agit peut etre meme pas de livres, il ne s’agit pas de litterature, juste
le besoin muté en désir, effrayant désir de le dire pour ne pas etre pétrifié de ce que nous sommes. Transformer l’effroi en une autre chose. Le chemin vers la fiction est
ridicule. Parce que je le suis. Peut etre qu’oser la fiction, c’est faire quelque chose de son ridicule. Bonne journée