236.
Signe de vitalité, les allers-retours ont repris entre les libraires et le pilon. (L’éditeur est le prétexte qui alimente le circuit.)
David Marsac ne mangeait pas de ce pain-là. (Un petit bout rassis tout au plus.)
– Je déclare la naissance officielle de notre société de distribution, déclara le petit éditeur. («Traînée de poudre est néeen prévision des flux drainés par notre maison.»)
« Je dois m’efforcer de continuer ce monologue »,déclare Marlen Haushofer, dans un encart du dernier Matricule des Anges. (– Au fait, Éric, notre article ¿ )
Nada dans l’horizon du miroir.
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Par bonne encontre, je n’ai pas partagé la couche de Flaubert assez longtemps pendant ma scolarité pour m’apercevoir de la supercherie — j’étais trop ennuyée pour être touchée, de toute manière.
En matière de narration, je n’aime que la chanson de geste et certains ouvrages fantastiques, surtout médiévaux pour des raisons de goût picturaux, mais ça n’est pas important. Ma couardise
m’interdit de citer des noms. J’aime les mondes et les personnages — je ne tiens pas trop aux intrigues, mais ce n’est qu’une affaire de sensibilité. J’aime ces longs tableaux immersifs autant
que les visions épileptiques du « non-roman ». Il est vrai que concilier amour de la tradition narrative et amour du bon mot n’est pas une mince affaire, surtout à l’heure actuelle, mais abandonner
tout espoir me coûterait ma mythologie intérieure (impensable, vous pensez-bien).
Un ouvrage me parle à partir du moment où mon intellect s’implique dans la lecture, séduit par les jeux logiques, les mots, les structures, ou dérangé par les sujets abordés. Voilà ses péchés
mignons, mais ça dépend des intellects. Dès lors, cet intermédiaire partial adapte le discours à ma sensibilité et je suis touchée (Qui d’autre que soi-même obtient-t-il jamais un écho profond en
soi ? Silence derrière le miroir !). Dans ce cadre, des personnages de roman surprenants me bousculent autant que des associations de mots inattendues : l’essentiel étant de perdre l’équilibre,
puis de le retrouver soi-même.
Par ailleurs, je ne vois pas de rupture indispensable entre le surréalisme d’hier, puis le « non-roman » d’aujourd’hui, et le roman d’antan : que serait Choir sans son île, le rivage des Syrtes
sans la mer, les chants de Maldoror sans le terrible Maldoror ? Qu’est-ce qui justifie un rejet aussi total ? Au nom de quoi la trame narrative serait-elle un artifice plus clinquant que le
court-circuit surréaliste, cette superbe et irrésistible tricherie, en matière de communication littéraire ? Peut-être le court-circuit est-il plus adapté à notre rythme de vie, mais alors,
pourquoi ce mépris ?
À ma décharge (ha ha), je suis un imposteur ici — ma sensibilité littéraire, pour toute sincère qu’elle soit, manque d’éducation : je ne sais trop qu’en faire. Je soupçonne d’ailleurs que vous
ayez mieux cerné mes intentions que je n’ai compris votre démarche. Merci !
Et merci pour cette délicieuse réponse ! Oui, je suppose qu’il faut du courage pour garder toujours au coin des lèvres la cruauté du bon poète. Cette chique amère donne une certaine morgue, mais
le tabagisme… Dur métier !
« Et quel besoin pour exister de rabaisser autrui, petite Bordelaise ? »
Généralisation abusive relevée en note 107 par le signataire de l’arrêt de mort du roman.
Oui, l’arrêt de mort du roman, un document paraphé à l’encre de Chine sur toutes les pages paires et impaires par un collectif de gens mieux. Ce groupe littéraire
— puissant car au-dessus de tous les groupes de gens biens — veut la mort du roman sous toutes ses formes, formes impures qui incitent à la tentation de la vie dans un corps. Plutôt qu’un désir
qui monte lentement de la chair, un corpus généreux à aimer sous les voiles de la narration, ils proposent un orgasme de mots, un sexe nu, pour un plaisir rapide et sans volupté.
Ô, David Marsac !
Pourtant vos doigts experts, savonneux d’avoir écrit… Comme ne pas vous lire ?