21. Tonalités éditoriales
Pourquoi le temps améliorerait-il la qualité des oeuvres ?
Chaque époque est seule devant ses devantures.
Il m’arrive de moins en moins souvent de lire la grande majorité des écrivains contemporains (tout respect à leurs oeuvres et à leurs efforts) pour cette raison principale qu’ils reconduisent souvent les mêmes questions sur la littérature, d’un livre à l’autre, et que les effets de génération finissent par brouiller les voix singulières (de ce point de vue, Echenoz, Bailly, Ravey, Toussaint font masse sans faire voix à part). D’où ces tonalités éditoriales, qui sont à la fois la cohérence et la faiblesse des maisons d’édition. Dans ce contexte, la profusion des oeuvres et des éditeurs multiplie heureusement les possibilités d’émergence de différences notables, minimes, subtiles, – locales parfois – sur les tables des libraires.
L’idéal : Que chaque parution fasse scandale ou débat.
En réalité, je lis de plus en plus les écrivains contemporains situés à la marge des grandes installations éditoriales, où se construisent les dissonances et se réorganisent les affinités. Parmi les plus récents, les plus marquants, que je lis au présent, avec plaisir, et qui me semblent produire des sonorités / tonalités inédites, je retiens : Shoshana Rappaport, Nadia Porcar, Jean-Luc Giribonne, Christophe Manon, Rémy Checchetto, Véronique Gentil, Jean-Marc Pontier, Sylvie Nève, Marc Blanchet – à des dégrés divers d’intérêt et d’intensité.
Ainsi se crée une marjorité d’auteurs occupés à renouveler collectivement et individuellement la littérature du temps présent.