Critiques enlevés
Faute d’un ennemi à notre hauteur, nous avons unanimement choisi d’enfoncer le crâne de notre ami le plus cher – prunelle de notre œil de verre.
L’universalité de la littérature se vérifie chaque fois qu’un lecteur prend pour soi la formule qui lui est destinée.
J’ai eu Éric Dussert au téléphone. Nous aurons notre article au prochain numéro. Fera le nécessaire. A grande envie de renouer avec l’esprit frondeur du
Matricule. Notre insolence lui plaît. Le Matricule renonce au courrier des lecteurs. Donne voix à la littérature.
–Vous êtes d’authentiques fous imprévisibles. Rien à voir avec le marketing de la révolte du Tigre ou d’Attila.
C’est vrai. À force de recenser à chaque numéro les copains (L’arbre vengeur) les copines (Finitude), Le Matricule avait perdu de vue sa ligne d’horizon en
cours de route et occultait les œuvres inouïes de la littérature contemporaine. Pour un rebelle, c’est pas fameux.
– Comment a-t-on pu ignorer Handschin ! se lamentait Éric, en se rongeant les ongles des pieds.
– Allons, allons. Tu répares au prochain numéro et on n’en parle plus. Promis juré, plus d’allusion.
Le croirez-vous ? Le Matricule revient à la littérature et s’engage à écrire en français, dans un style audacieux, sujet verbe des idées personnelles
sur la littérature, regard ouvert sur les périphéries, des citations enfin choisies.
David Marsac en tremblait jusqu’au bout des cils – sous son rimmel et dans ses bas résille.
C’est en effet peu dire de Jean-Louis Ézine qu’il a défait l’assaut de notre comité de lecture. Huit lecteurs aux biceps de déménageurs (les piles de manuscrits) lui sont tombés dessus dès la première lueur de l’aube. Rien à faire. Ézine inébranlable.
Crac !
Le premier bras céda à la pression commune, puis un deuxième, un troisième, le suivant, un de plus, et six et sept et huit !
Le lendemain matin, David Petiot se demandait comment remettre Ézine en pieuvre état.
– Abracadabra ?