Ô Écrivain
Grisé par l’hélium de son talent ascensionnel, l’écrivain se mit à lancer des coin-coin au milieu des enfants ébahis par la performance.
– Demain je ponds un œuf gros une montgolfière !
– Après-demain j’en fais un soleil rajauni !
– Et le surlendemain une omelette littéraire !
Exclame-toi et supporte.
– Le peintre imite son modèle pour le dépasser, dit le petit éditeur, doigts dans la gouache.
(Quitte à le barbouiller.)
Tu mets ta misanthropie au service de l’humanité, Ô écrivain. Cela te perdra.
J’ai du mal à croire que ton art de vivre se résume à ces feuilles imprimées.
Il déroula les fils de ses nobles pensées en trois bobines soigneusement rangées dans sa boîte à guipure et s’effondra en pleurs sur le linceul brodé du français
nourricier.
– Ton art est orphelin, Ô Écrivain.