– Est-ce le moyen de satisfaire les goûts de chiottes des lecteurs ? se dit le petit éditeur, mains sur la boucle de sa ceinture.

Considérant notre système de distribution sommaire, nous pouvons dire avec satisfaction que nos livres se vendent bien. Vingt libraires de plus et nous équilibrons
nos comptes, ajouta-t-il, bras tendus.

Le petit éditeur marchait d’un si bon pas qu’il sortit rapidement du cadre de nos préoccupations.

Outre la gamme inépuisable des ressources humaines, l’homme a deux choix possibles chaque matin : cracher son flot d’injures à l’imposteur grotesque logé dans son miroir ou saluer ce drôle de personnage à figure inédite du romanesque quotidien.

Cette libraire parisienne, nouvellement installée, fort gentille au demeurant, aime bien notre projet, mais pas nos livres. – Ce bouillonnement manque de –
comment vous dire ? – maturité. Une écriture plus – comment dire ? – assagie.

– Arno Schmidt en version simplifiée ? lui demande le petit éditeur.

Ce libraire de Bordeaux aime et vend nos livres, et le troisième lui paraît dire l’amour contemporain de façon inédite.

Vérité en deçà de la Loire, manque de culture au-delà.

(D’autres nuances sont possibles.)