Divers
En France, il est désormais possible d’acheter trois livres pour le prix de deux (greffe du troisième bras comprise). Même principe pour les montres, les glaces et
les journaux. Mais impossible de trouver La Comédie des erreurs dans une ville universitaire (où les frais d’inscription passeront bientôt à 9,000 € par an).
Les émeutiers recherchés par la police ont leur photo dans les pages intérieures du Monde d’hier (+ numéro de téléphone pour encourager les
vocations civiques).
Les bouquinistes qui égaillaient les rues du moindre village, voici à peine vingt ans, ont été remplacés par mes souvenirs.
La France boîte bas. Tristesse des visages, dents cariées, pieds voûtés, dos de travers, silhouettes tristes enveloppées dans les fameux K-way inventés près de
Roubaix. Les balles lancées aux chiens sur les plages se ramassent désormais à l’aide d’une petite canne en plastique, Maid from China, en forme de chausse-pied.
Le climat n’a pas changé : beau fixe dans les cœurs, après pontage coronarien (sent rien).
+ David Marsac lisant David Markson
David Marsac n’est pas mon véritablement nom. Je l’essaye pour un ami éditeur.
Je vous accorde que renoncer au récit est une manière radicale de revenir à la littérature. N’en reste plus que l’essence, autant dire rien. Et pourtant, comme
disait Galilée, ça marche.
This is not a Novel, by David Markson (l’hétéronyme de P.N.A Handschin).
Visite, à Torquay, de la maison natale de ma vieille rivale, Agatha Christie (mesurer l’étendue des dégâts sur la littérature et l’ampleur du succès).
Il paraît que Gracq n’a jamais rencontré le petit éditeur. C’est d’autant plus curieux qu’ils ont longtemps été voisins. La nuit où l’écrivain est mort, David
Marsac avait prévu le lendemain une visite de courtoisie en compagnie d’un admirateur parisien – apercevoir au moins les murs de sa maison, le rideau de sa cuisine.
J’avance dans Le Rivage des Syrtes en reculant à chaque mouvement des phrases.
Gracq romancier reste pour moi ce voyageur descendu à l’hôtel de La Belle France, qui contemple la mer de son balcon du deuxième étage sans jamais s’y
tremper. Tant de regards, si peu de pieds.
Les Pléiades de Gobineau.