Divers
De nombreux lecteurs attendent que la littérature les comble quand il serait plus judicieux de combler d’abord le vide qui est en eux. David Marsac avait
observé cette tendance chez les couples de son entourage.
(Relire ensuite Agatha Christie.)
Ce blog défile depuis trois jours tandis que nous fonçons en dépit du bon sens sur les routes de Grande-Bretagne (le petit éditeur, sa femme, son fils, notre lapin
leucosélophage et Gronch, le hérisson.)
– Proust donne à voir la jalousie et le travail de la passion amoureuse, il n’aide pas à la comprendre et moins encore à s’en défaire, déclara doctement le petit
éditeur.
– Une séance chez un bon psychothérapeute vous en apprendra plus long sur le bovarysme que l’œuvre de Flaubert et ses commentaires, poursuivit-il (vit-il
vraiment ?)
– Et si j’allais guérir de mes névroses ? Et si j’allais ne plus être fou ? Malheureux ? Suicidaire ? Artiste ?
– Vois un psy pour apprendre à vivre, Marsac ! lui répondit son lapin leucosélophage. Et lis Sade pour apprendre à recoudre ta mère.
– J’ai appris à vivre et à mourir en lisant Montaigne, déclara le petit éditeur à son lapin leucosélophage.
Le temps et l’admiration collective ont produit certains chefs-d’œuvre que mon goût personnel récuse. Il ne vous reste plus que l’argument d’autorité et la pression
collective pour me convaincre de mon erreur.
N’en doutez pas. Le style le plus pauvre en littérature propose aussi une vision du monde. La seule un peu vraie d’ailleurs.
– Nourri des plus grandes œuvres de la littérature, me voici le plus sage et le plus heureux des hommes, déclara le petit éditeur à son lapin, mort de
rire.