Divers
Il prend souvent l’envie au petit éditeur de faire la chèvre, le bouc, le pou, le trou du cul dans le trottoir bitumé du monde, pousser des cris de bête à la
truelle, révulser les taxinomies…. Aaaaarrraaaaaaaaaaaagrrr…. ramoner les spectres de la cheminée, fendre la chemise des yeux avec halètements nocturnes, pierre ponce des ongles, fission
des glands à s’en péter la boîte crânienne, que son esprit déborde et craque en steppes dévorées flammes, il est uhlan, toundra, cosaque, Ukraine, cimeterre, yatagan, bourbier de sang sur
les populations de son âme incendiée jusqu’à la dernière goutte, lèvres béantes sur plaies à la demande… groin des dents dans la matière fumante. Les jours sans – et puis lundi, mardi, mercredi,
jeudi… de chaque semaine suivante.
Un pas, deux pas, du recul.
– Ça va. Les couleurs sont à point. Le tableau est d’ensemble.
Un pas, deux pas, le petit éditeur vire et salue bien bas.
Nos auteurs en vacances nous racontent les provinces françaises.
– Ils ne pouvaient pas pousser plus loin le culte de la personnalité éditoriale, se dit le petit éditeur en bleuissant modestement.
Dans le livre d’un écrivain français dont l’écriture gracquait aux entournures, le petit éditeur avait découvert à la page 189 qu’un roi de sang princier ou prince
de sang royal faisait faire, sur un tertre, une volte à son cheval. L’audace l’avait abasourdi jusqu’à l’extinction de voix. Enfin ! une littérature à hauteur des Barbares annoncés par le
titre. Enfin ! un éditeur chez lequel le foin ne repoussait pas. Car cela circule du tonnerre dans les librairies pour statues équestres.
– Je commence toujours par dénigrer. Quitte ensuite à faire ici et là, du bout des lèvres, en regardant ailleurs, des excuses sincères et circonstanciées, dit
le petit éditeur désolé.
– Vous ne m’aurez pas au défaut de la cuirasse, surenchérit Grégoire Samsa, en faisant faire une volte au scarabée sur lequel il enfourchait son cheval de
bataille.
Grâce à la profusion de livres manifestement nuls, de nombreux éditeurs peuvent publier les médiocrités dont ils sont les dépositaires avec la certitude d’avoir évité le pire.
– Ne t’approche pas trop près du feu.
– D’accord. Je m’approche de loin.
– Le noir, c’est un drôle de marron.
(Fauste, cinq ans.)
Le style supposerait donc l’oubli de la littérature.
(Retour à Picasso.)