Divers
Le plus simple serait de dire ce que vous attendez de moi. Je suis capable de bien des tours d’adresse pour vous séduire.
Je marche sur les mains
je fais les pieds au mur
je me plie en quatre
je courbe l’échine
je m’aplatis
je rampe
je fouis
je gis
je
j’
’
Je ne peux guère aller plus loin.
Viendra le moment redouté où pour survivre j’accepterai de débiner les gens que j’aime – leurs noms, leurs titres, leur ligne d’horizon, leurs choix
éditoriaux.
Vous ne souhaitez pas que nous en arrivions là, eux et moi ?
En prévision du moment redouté, j’ai pris le temps de dénicher dans la fadeur éditoriale des titres redondants, au milieu des collègues aux projets formatés, aux
enseignes aussi ridicules qu’éphémères, vue notre éternité, un petit livre d’une rare beauté, papier doux, élégant façonnage, dont je ne vous dirai rien de plus sinon qu’il est unique, impossible
de le partager, je ne vois pas ce que vous pourriez y trouver. Le garde pour moi.
Sauf si vous insistez.
David Marsac marchait de long en large, le nez dans son clavier, cherchant d’un œil fébrile la marque, le signe, le résidu d’un trait entre les traces de ses
passages successifs, sur la page blanche de son écran, au moment où il avait franchi la ligne indiquant la limite à ne pas dépasser –
Et puis tout schuss sur les pentes noires de l’humour savonné, il se mit à crier Youpî îîîîîîîîî sans voir la ligne des sapins monter vers lui à la vitesse grand
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Dans un essai au titre combatif, Éloge de la fiction, Marc Petit suggérait ironiquement de rétablir sur la dernière page d’un roman l’usage du mot
Fin de manière à ce que le lecteur, porté par son élan, ne poursuive pas sa lecture au-delà de la couverture refermée.
J’imagine tout à coup la scène et le lecteur au terme du livre physique tournant et retournant l’objet, en quête d’une fin qu’il ne trouve pas, qui ne vient pas, on
n’en finit jamais avec ce besoin de fiction, de lecture et ce désir de page tournée, si bien qu’il nous propulse dans la vie, déborde les livres, rendant la quête plus nécessaire – encore –
infinie. À gué, s’il le faut. Splash, splash dans la littérature.
« Face au réel, les mots sont comme le pont d’Avignon. On y danse, on y danse, sans espoir d’atteindre l’autre rive. »
C’est chez Fayard, 1999, p. 24-25, mais nous aurions pu l’éditer.