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« Elle eut une folle envie de le faire entrer. » C’est un écrivain édité par une petite maison, une toute petite maison, passé ensuite dans une
très grande, qui prétend néanmoins être encore une petite maison, la nostalgie. C’est donc un écrivain sérieux, sur lequel le lecteur peut fonder sa confiance littéraire, sans risque de se
tromper absolument. Elle eut une folle envie de le faire entrer. Je crois qu’il est question dans la phrase précédente, feuilletée en librairie, d’un halo de lumière et d’un homme
inconnu sous une pluie battante. Encore qu’il faudrait rebrousser le chemin, le mettre dans l’autre sens, revenir sur les lieux sans cesser d’avancer, reprendre le livre (une deuxième
part de Babybel ?) et vérifier. Je ne crains pas tant de causer à un auteur que je n’ai jamais lu mais qui depuis longtemps jouit auprès de moi d’un capital de sympathie, infondé comme on voit,
un préjudice par injustice, que de m’assurer qu’il s’agit bien d’une envie folle de faire entrer un inconnu mouillé par une pluie battante. Je suis quasiment sûr du halo aperçu dans la phrase
précédente, de l’homme mouillé dans l’embrasure (ou était-ce le chambranle ?), beaucoup moins de la porte. La pluie, je signe, on peut compter dessus, pour le battant, s’appuyer sur la porte (il
est compris dedans).
Je me faisais ces réflexions en revenant à pas inverses sur le chemin de la raison, indisposé par une pluie qui, ce faisant, s’était mise à tomber sur mon
Cherbourg, un parapluie propice aux scènes d’amour liquide. Pourquoi ne pas écrire Elle eut une folle envie et pourquoi ergoter ? Des personnages aussi indépendants que des libraires
sont pris d’envies consuméristes, comme vous et moi, trop humains, tous pareils, quel mal à ça, quand nos envies nous poussent à la folie, ça ne se réfute pas, cédons ! dit la publicité qui vise
comme la littérature au bien-être du lecteur perdu dans les galeries marchandes.
Elle eut une folle envie de le faire entrer. Le balancement de cette phrase, on s’imagine dix pages plus loin, au bord d’un canapé (folle envie d’aller
vérifier), glissant avec la pénétrable désormais pénétrée sur la descente du livre en flamme et en piqué, impossible de rien redresser, ô sprinkler de la pluie, une folle envie de se faire
baiser (pour le lecteur, c’est fait). Qu’est-ce dans la vie qu’une folle envie ? Je n’en sais rien, pas une idée, je n’ai que des envies que la raison déjoue, mais dans un livre, une folle
envie c’est le battant d’une porte qui claque (vous auriez pas une cale ?), le moment où le lecteur rêve de s’enfuir par le conduit de la cheminée (t’as du viagra, j’me sens pas
bien), se dit que le libraire se paye sur sa simplicité, qu’aucun lecteur ne mérite les communs, la remise, l’écurie (ou alors du ginseng ?) et qu’il faudrait à l’avenir se
détourner des personnages indépendants (tu joues de la guimbarde ?) et des petites maisons grandies trop vite (c’est pas une guimbarde, c’est mon stérilet).
Molle envie d’y entrer.
Au fond, vite émoussé le génie chez Rimbaud. Heureusement chez Jean, la durite est inépuisable.
L’erreur de cible ou de destination se reconnaît quand la critique s’attaque au livre d’un écrivain que personne ne connaît. On aimerait plutôt, le on c’est moi, entendre
Charlotte Pudlowski sur Jean La Durite et Marie Le Truisme. Ce serait vraiment Chouette (Byzance, Athènes). On ne s’attaque jamais à plus petit que soi. Sauf à se rabaisser, Charlotte.