C’est chez moi une question d’éthique. Je ne parle en mal que des auteurs que je n’ai pas lus.

Le fétichisme du sens est tel chez mes contemporains qu’ils ne prennent plus le temps de méditer le velouté des pages que la froideur de leurs mains
froisse.

Le contenu m’effleure (fleur vraiment).

Inutile de risquer le peu de clarté qui baigne au fond de ton briquet.

Le sens du livre, c’est le mammouth coincé dans son glaçon.

Je me résous à joindre à ces enfantillages le joli nom des éditions Alidades, qui depuis trente-deux ans méditent – des livres :

(…)
Bleu sur noir. Gris sur bleu.
Le réseau agite sa peine
tu glisses dans un monde cristallique
le silence (devant derrière dessus dedans) saisi
dans une clameur d’agonie
et à travers les mailles, les algues, les
doigts entrecroisés qui tremblent
toujours les yeux morts que te veulent-ils?
Yeux qui crèvent, éclatent, humeur qui coulent mais non,
sang,
la neige, tu vois la neige est rouge
entrailles répandues dans un champs de ferraille
sexes morts qui tentent encore d’affirmer la vie
(…)

Détour par La Forêt russe, РУССИЙ ЛЕС, proposée dans sa double version russe et française
par l’auteur, Alexandre Karvovski, dont voici une strophe, extraite du
poème « Décembre dentelle triste » (imaginez le russe).