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Joseph Brodsky au banquet du Nobel (Photographie publiée dans Libération en janvier 1996, © inconnu).
Célébrons à notre manière la belle Marie.
Twenty Sonnets to Mary, Queen of Scots
Copyright © 2000, The Estate of Joseph Brodsky
(XIV) Любовь сильней разлуки, но разлука длинней любви. Чем статнее гранит, тем явственней отсутствие ланит и прочего. Плюс запаха и звука. Пусть ног тебе не вскидывать в зенит: на то и камень (это ли не мука?), но то, что страсть, как Шива шестирука, бессильна -- юбку, он не извинит. Не от того, что столько утекло воды и крови (если б голубая!), но от тоски расстегиваться врозь воздвиг бы я не камень, но стекло, Мари, как воплощение гудбая и взгляда, проникающего сквозь. Changez de glotte d'un clic !
Disons-le vaillamment : la moitié vide de notre verre soutient la moitié pleine.
Nous aurons plus d’une occasion de nous réjouir bientôt. En attendant : rien.
Figurez-vous ceci : Balzac imprimeur éditeur (1826-1828) a dû renoncer à son activité au bout de deux ans faute de libraires pour vendre ses ouvrages. Nous n’aurons pas cette chance et remettrons les nôtres bientôt sur la Stanhope, pourvoyeuse d’espérance. (D’un autre côté, nous y avons gagné son œuvre.)
Avez-vous oublié que le roman fut d’abord langue et poésie ?
(…non cette sueur d’étable et de bœuf équarri.)
Les petits éditeurs militants qui impriment sans déprime hors des frontières hexagonales chez nos voisins d’Europe les moins lotis confirment évidemment que le travail à bas prix enrichit les pauvres. La formule bien rodée permet des résistances comptables subventionnées sur fonds publics. Aux éditions de l’Attente, Loin, de Marie Borel, que je viens d’acheter d’enthousiasme, est de ces livres. Comme dirait Gide, cela me gâte mon plaisir. Mais pourquoi pas, finalement et tout au fond ? Les royalties sont ajustées sur le salaire moyen des écrivains bulgares (bientôt le prix du livre).
Je propose le boycott immédiat des livres imprimés à bas coût (au bord du Casse-pied).
Il semblerait plus judicieux d’importer de ces pays-là, francophones et francophiles, un lectorat féru des livres de poésie que le bobo français n’est plus depuis longtemps en mesure de déchiffrer.
— C’est d’un mauvais esprit, je vous l’accorde. Mais des plus efficaces.