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908.

La délicatesse des écrivains d’élevage me fait royalement chialer.

 

Leur âme comme on mouche son œuf.

 

– L’agonie de cet éditeur n’a que trop duré. Cessez d’acheter ses livres ! Paix à nos âmes !

 

(L’allusion sera entendue en pure perte, je le crains. Les gobeurs d’œufs ont déjà préparé leurs mouillettes.)

 

Il décline. C’est un fait que moi seul ai perçu. Il décline et sa prise est moins ferme. Son dernier livre donnait des signes d’un latinisme précoce. Il décline,
c’est un fait observable aujourd’hui, que l’affection ne saurait même voiler, et nous aurons bientôt une place chaude et vacante où débourrer notre mélancolie.

 

Avis au libraire : je suis rancunier et psychopathe. Je gobe ton œil à même l’orbite.

 

Ton œil inutile.

907.

Le désert appelle le chameau, et déjà la lueur scintillante de l’oasis !

 

Qui aurait cru le zèbre capable de bonds carnassiers ?

 

Par comparaison, le tigre en croix fait une triste descente de lit.

 

Presque aussi triste que le libraire.

 

Prenez aussi l’onagre mangeur d’enfants, quel flûtiste !

 

(Seuls les morts sont des extras terrestres.)

906. Libraire libre

Soyons clairs. Nos livres sont présents dans quelques librairies partenaires, auxquelles nous accordons notre affection la plus tendre. Nos lecteurs sont invités à les y retrouver.

Soyons plus clairs. Il est inutile et illusoire de commander nos livres chez votre libraire de quartier (sympa, super, militant, défenseur des petits éditeurs) en espérant lui faire découvrir des livres garantis sans phosphate. Il ne saura qu’en faire : Télérama et Le Matricule des Ânes n’en ont jamais parlé. Le libraire indépendant a besoin de béquilles.

Soyons d’une haine plus objective encore. En trois ans d’activité, la commande occasionnelle d’un libraire (super, sympa, etc.) n’a jamais donné lieu à une deuxième commande destinée à enrichir son fonds. Le libraire très indépendant empoche les 35 % de remise, les frais de port offerts, sans plus de curiosité (Téléramou n’en a toujours rien dit). Certains libraires ne payent pas leur facture (Richer, à Angers). D’autres font faillite (Camponovo, à Besançon).

Tant mieux. Nous avons renoncé à l’illusion et changeons d’optique : nous ajouterons désormais les frais de port aux commandes d’occasion des librairies indépendantes. Précipitons leur faillite.

Apparaîtront alors, dans l’horizon dégagé, les vitrines de libraires libres.