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Vient le moment où la plaisanterie ne dit plus qu’elle m’aime. Et le bouffon flingue le roi.
Écrire la vie. Qui aurait pu dire en 1984 que l’œuvre d’Annie Ernaux effacerait du paysage une grande partie de la littérature contemporaine d’un
trait aussi net ? Je la relis avec admiration.
J’ai décidé de ne plus acheter un seul livre. Tant pis pour les libraires. Ils connaîtront ainsi le prix de mon ressentiment. (Les éditeurs, les écrivains, les diffuseurs, les transporteurs, les annonceurs, les faiseurs de bandeaux,
les recycleurs, les ophtalmos.)
Pour relire, inutile de casser sa tirelire.
J’ai d’ailleurs renoncé depuis trois mois à acheter Le Matricule des anges. À quoi bon lire un magazine qui ne parle pas de nous, à l’ère des miroirs
informants ? Ai-je besoin d’un aveugle au royaume des bornés ? Handschin, c’est moi qui vous en ai parlé (le premier).
Faisons œuvre de salut solidaire et public. Coulons Le Matricule des anges sans plus attendre, défendons la planète à tout prix. (Jeter quand même
un œil au sommaire, ne pas mourir idiot.)
Les jugements authentiques sont rares, même parmi les critiques chevronnés. La plupart
appliquent à leurs lectures la grille des opinions communes. Il est plus facile de douter de soi que des goûts admis.
Avez-vous vu La Fée d’Abel, Gordon et Romy ? J’aimerais écrire
comme ils s’amusent.