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La Mort ne court plus les rues, elle sera en personne l’invitée d’honneur de la Faculté de Droit de l’Université du Maine, au Mans, à l’occasion d’un colloque célébrant la parution du fort Traité des nouveaux droits de la Mort imaginé par d’éminents juristes, aussi déments qu’instruits. Soucieux de m’en faire une amie dévouée, j’assisterai aux débats qui se tiendront les 13 et 14 novembre 2014, plus tard serait trop tard, et me rendrai à la rencontre, le 13 à 18 heures, avec le plasticien et photographe André Chabot. Nécropolitain de renom, il a fait de la mort un sujet de rêverie, de recherche et des constructions ingénieuses (les cercueils à roulettes vous envoient droit dans le Mur). La Mort en majuscule a donc des droits, de nouveaux droits, sur chacune de nos vies certes, sur celles de nos ennemis d’abord, ne les oublions pas, auxquels priorité sera donnée, l’inimitié se commande avec grâce. J’en fais une affaire personnelle. Nous n’aurons pas à vous clouer vivants dans vos cercueils de verre, gesticulant en vain – hélas !
Que la Mort, aujourd’hui, sourie à votre cadavre.
La fiction, c’est la mort meilleure.
Le cliché paie – juste ce qu’il faut d’étrange familiarité pour donner l’impression d’une langue nouvelle et, pour certains, je l’admets volontiers, ce qu’il faut de talent pacifié.
Après des décennies à émarger dans les périphéries plus ou moins réfractaires, la nouvelle génération des écrivains en vue est en place dans les starting-blocks, la voici prête à émerger, le cul en l’air, en route vers le podium, à peine désabusée de la quarantaine de sécurité que le monde littéraire lui a fait subir, la figure et le style rectifiés par les lumières de la cinquantaine.
La postérité fera le tri, romans, poèmes, drames inutiles, mais qu’allons-nous faire de cette montagne de déchets ?
Passé un certain degré de précision, on devient moins sourcilleux à l’égard du langage, plus attentif à ses à-côtés. Il y a des gens que ça excite, de distinguer entre orgueil et vanité, jadis et naguère, voici et voilà, mesurant l’âne à son garrot. Pourquoi pas. Le monde manque de lexicographes et nous sommes tous des philologues allemands, des poux dans l’âme, quatre pieds et deux sabots.