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David Marsac s’étonne encore du peu d’impact de ses avis sur les lecteurs et la vie littéraire française.
– Qui donc est la mesure de toute chose pour mes contemporains ? Ne sont-ils pas comme moi persuadés de la nécessité de réagir à la situation
cataclysmique ? Ne voient-ils pas la montée en puissance d’un consensus réactionnaire attelant à nouveau au timon du roman les bœufs placides de la narration ? Nous faudra-t-il bientôt
organiser sous le même joug un salon du roman et de l’agriculture ? Passer le col à travers le licou ? Beugler ? Avaler le nationalisme avec la narration ?
Autour, rien. Chacun rongeait son foin, ruminait dans son aire, ingurgitait sa part du romanesque contemporain. On voyait bien ici et là dans les travées quelques
distraits ou quelques intrépides s’efforcer d’arracher, en étirant le cou, les épis phénomènes d’un romanesque très éloigné de la mangeoire commune –
À ces mots, la critique cria haro sur les récalcitrants. Les brindilles avalées lui signalaient des cas pendables : « Brouter hors des circuits ? Quel crime
abominable ! »
David Marsac bête de somme avait choisi, en connaissance de cause perdue, de s’endormir avant la fin – de – ces – paroles – de – ses – paroles – échos d’un rêve
sans foin.
APRÈS
À présent – se souvenir de vous,
de vous ce souvenir :
Carafe et tristesse. Tête d’une lampe.
Manège des rayons du coucher.
Lune sans soleil – exhale le muguet.
Grenouille et râle, coups de bec.
Don Juan et tremblante rapière,
fakir du désert, neige de l’Everest,
Toi – vie et fait, moi – achèvement
au nom d’hérésie et de délire.
À présent – se souvenir de vous,
de vous ce souvenir :
Lilith des capitales, cible de l’autour
tu n’as pas voulu d’ailes de sang,
toi – signe de vérité, moi – signe de fraude…
Déjà partie… Remerciements.
« Plus toi ! » – coupe d’or !
Carafe et tristesse. Sous les bougies de l’insomnie
je feuillette le livre des Heures…
Et ma vie mâche son pain sans sel.
Victor SOSNORA, Quinze poèmes, traduits du russe par Christian Mouze, Éditions Alidades, Petite
bibliothèque russe, 1997.
– Il est sans doute plus simple de montrer la fragilité du monde avec un marteau, avoua le petit éditeur dans le confessionnal de sa salle de bain.
– Qui a vécu par la glaire périra sous les crachats, lui répondit l’homme en soutane éponge.
La littérature est moins une question de genres qu’une affaire de tempéraments : mélancolique, bilieux, flegmatique et joyeux. Cela nous simplifie les études
littéraires. Stendhal est un joyeux sans mélange, Camus un flegmatique, Beckett un bilieux contrarié par son flegme et Balzac a tous les symptômes d’un flegmatique barbouillé de
mélancolie.
Les classifications servent à brouiller les pistes, les retracer – allers-retours et sens inverse. On n’y comprend plus rien. Recommençons : DM est un joyeux
embourbé dans sa bile.