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Libraire : Vos livres se vendent ?
Petit éditeur : Si vous les recommandez.
Libraire : Alors je n’en prends pas.
La mouche du coche ne ratera pas la rhétorique du fabuliste.
À la tombée du jour, le petit éditeur sortit badigeonner à la bombe rose fluo les monuments de la littérature française, invisibles la
nuit.
– En somme, une œuvre n’est qu’une bataille livrée aux conventions, précisa le petit éditeur ajustant son lorgnon.
Parce qu’il s’était promis de ne jamais parler des livres sans intérêt dont ses contemporains se délectaient et de ne citer aucun nom qui ne soit digne de son
clavier, il dut le cœur serré et la dent dure accabler les auteurs qu’il chérissait par dessus tout en ne cédant sur rien de leurs manquements à ses attentes les plus hautes.
– Sale boulot.
Les écrivains comprenaient à merveille sa morale de salut public.
– C’est autant de gagné pour la postérité de la littérature française, leur expliquait Maximilien Marsac.
(Silence unanime dans la salle de bain.)