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171.

David Marsac marchait de long en large, le nez dans son clavier, cherchant d’un œil fébrile la marque, le signe, le résidu d’un trait entre les traces de ses
passages successifs, sur la page blanche de son écran, au moment où il avait franchi la ligne indiquant la limite à ne pas dépasser –

 

Et puis tout schuss sur les pentes noires de l’humour savonné, il se mit à crier Youpî îîîîîîîîî  sans voir la ligne des sapins monter vers lui à la vitesse grand
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170.

 

Dans un essai au titre combatif, Éloge de la fiction, Marc Petit suggérait ironiquement de rétablir sur la dernière page d’un roman l’usage du mot
Fin de manière à ce que le lecteur, porté par son élan, ne poursuive pas sa lecture au-delà de la couverture refermée.

 

J’imagine tout à coup la scène et le lecteur au terme du livre physique tournant et retournant l’objet, en quête d’une fin qu’il ne trouve pas, qui ne vient pas, on
n’en finit jamais avec ce besoin de fiction, de lecture et ce désir de page tournée, si bien qu’il nous propulse dans la vie, déborde les livres, rendant la quête plus nécessaire – encore –
infinie. À gué, s’il le faut. Splash, splash dans la littérature.

 

« Face au réel, les mots sont comme le pont d’Avignon. On y danse, on y danse, sans espoir d’atteindre l’autre rive. »

 

C’est chez Fayard, 1999, p. 24-25, mais nous aurions pu l’éditer. 

 

 

169.

David Marsac entend célébrer lui aussi le boucan en l’honneur du toucan :

 

« Plus le sujet est vague, ténu le prétexte, distraite la conduite de l’intrigue, évasive la recherche de la vérité ou du sens, et plus la littérature aura des
chances de se déployer, sans autre justification qu’elle-même, libre et non asservie, pour donner enfin sa pleine mesure : dévorer l’espace et le temps. »

 

La carte et le territoire, p. 911