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138.

– Il m’arrive plus souvent qu’à mon tour de couvrir deux livres à la fois au point de donner vie à un troisième, pantelait-il, hors d’haleine.

 

Ce qu’on appelle l’amour n’est peut-être qu’une intersection commune plus ou moins longue à traverser.

 

Une femme de survie comme on dirait d’une trousse de secours.

 

David Marsac relisait Stendhal, crayon sur l’oreille droite.

137.

David Marsac salue l’entrée en scène de Monsieur Le Comte, sur l’échelle de la lettre À. « OHé ! » (Au sommet, son bras.)


– Ô Bal ! Et à Dia ! s’écrie immédiatement David Marsac, feuilletant les pages de la vie enthousiaste de Monsieur Le Comte.

 

Reste à pousser la recension du livre d’Annocque à travers le Hublot de la bienveillante
loupe critique.

 

Donc. En effet. Comme eût dit Monsieur Le Comte. Il s’agit d’un récit. Comment faire avancer un récit sans recourir à la ferblanterie romanesque ? C’est la trame,
l’intrigue. 

 

– No – o dear no – the novel does not tell a story anymore… (Forster déconfit.)

 

Le roman en question ne raconte rien, que la vie au sommet de la lettre A, peu de choses, traduites de riens. Un comte perdu au milieu de la vie – zoï en
Grec. Et donc, Monsieur Le Comte, sans se lasser (a-t-il seulement des chaussures ?), parcourt le zoo de la vie, dos rond, et d’un chat l’autre fait le pitre.

 

– Chouette ! hurle le-le-le lecteur à vide de refaire le plein de belle littérature sans concession à ce que le roman produit de pire aujourd’hui –  trop
souvent le meilleur : la mécanique poussive ou bien huilée, vroum, vroum, du roman, en voiture, suivez les itinéraires bis de la réalité. Personne n’y croit, mais tout le monde
en lit dans les compartiments des TGV. (« Bonne nuit, les alités ! ») En attendant, la vie défile
.

 

Du coup, Monsieur Le Comte préfère la bicyclette, légère, maniable, joie d’aller par les prés, chemins creux, la porter sur l’épaule, rouler sans roue avant, ou
faire des roues arrière pour épater les filles d’attente à la bibliothèque.

 

Il était temps. David Marsac s’impatientait.

 

– Ce livre me plaît par sa désinvolture, d’ailleurs très concertée. Parlons-en.

 

Le récit, l’histoire, la vie de Monsieur Le Comte avance au gré des facéties du dit vain de l’écrit vain, linguiste auteur des jours comptés d’un personnage dont la
présence ne nous est chair que parce que veine.

 

– En plus on s’amuse bien à décrypter ce qui se cache dans ce qui s’offre.

 

Le lecteur, du coup (le tic), devient comparse auteur, préposé à l’assemblage des pièces fournies en kit, 100 pages, couverture comprise.

 

– Et allez donc : Kit, scie, colle, scie, visse !

 

Je trouve d’ailleurs à Monsieur Le Comte, collé par l’oreille gauche, des airs de frère siamois d’Honoré de Balzac qui nous revient, effet boomerang de la
littérature.

 

– Et combien j’aime, disait Marsac, jaloux comme une murène, ce bruit de page tournée qui préside aux actions inessentielles de Monsieur Le Comte,
personnage sans figure, dont le masque est la marque du manque – qui donne sens à la littérature.

 

Réel du texte contre réalité.

 

David Marsac, épaté.

136.

La curieuse impression, se dit soudain David Marsac, frappé par un éclair tombé du ciel devant la couverture d’un magazine populaire.

 

Le portrait de Liliane Bettancourt lui apparut sosie craché d’un écrivain français a(ci)dulé par les médias (et qui fit ses débuts aux éditions Maurice
Nadeau).

 

– Chechi echplique chela, ajouta le petit éditeur, brosse à dent contre joue.

 

(Il n’avait qu’une dent, il n’avait qu’une joue : les drames avariés de la nature humaine.)