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Si j’invitais (le métier d’éditeur a ses désoeuvrements) dix lecteurs passionnés à s’accorder sur le plus grand des écrivains français contemporains, deux vies longues et heureuses ne suffiraient pas pour me faire pardonner d’en avoir eu l’idée (cris et yeux crevés).
Il me semble pourtant que les risques diminuent fortement dès lors qu’on s’intéresse aux neuf ou vingt ou trente suivants.
Le pugiliste en nous s’épuise dès le second.
Des noms ?
Les écrivains ont aussi leurs querelles de bureau : Pourquoi cette cruche fêlée plutôt que moi ?
Les hiérarchies pyramidales s’affaissent, pics noyés dans leurs bases, et l’écrivain classique cherche encore sa brioche au milieu des macdos.
Quel rapport avec notre maison d’édition ?
Il me semble justement que la marge est à la base ce que le pic est à la pyramide, mais dans le sens de la
géométrie ambiante.
Promis : Je vais me coucher.
De loin, Marge occupée est une histoire cycliste réservée à une petite frange de lecteurs désoeuvrés. De près, c’est un roman dans le grand style public des maîtres d’aujourd’hui. On songe au nom d’Harlan Coben, à Douglas Kennedy – un brin Pancol.
Ainsi parlais-je à ce libraire dubitatif, pressé, et qui au terme de la négociation consentit à me prendre trois volumes.
– Vous m’assurez qu’il y a des écureuils ?
– 1942, dans New York occupée, Julien Sorel erre dans Central park, échelle sur l’épaule, entre deux cours d’anglais.
« A page-turner ! » « Two Thumbs Up ! » s’exclame le New Yorker dans un article sur la version anglaise, Busy Margin,de notre best-selling author, John C. Lewis, que l’Amérique s’arrache.
La saison des barbecues a commencé.