Roman
J’aime les livres où la littérature se donne pour artifice, où le récit tourne au procédé, où la phrase constitue toute l’intrigue, où les personnages ont l’épaisseur du papier imprimé, où le réel s’ajuste à la lecture, où le flux coule et rien ne reste, où l’émotion est lexicale, où le lecteur ne cherche ni père, ni mère, si souvenir d’enfance, où le libraire n’ose pas coller ses papiers tue-mouches, où l’auteur refuse de passer sur France-Inter (où l’auteur se dit quand même France-Inter fluidifie les ventes), où l’écriture tient lieu de style, où la vie est tenue à l’écart –:– car la vie est trop précieuse pour être confiée à la littérature.
Son art poétique achevé, David Marsac se recoucha et s’endormit heureux, après s’être brossé une à une la dent.
On accepte que la poésie soit absconse, d’un accès différé, parce que personne n’en lit vraiment, mis à part les poètes.
Mais le roman, le récit, la fiction doivent avoir le tracé rectiligne d’une autoroute fraîchement sortie du XIXe siècle à l’assaut des stations balnéaires.
Ainsi parlait David Marsac à l’occasion d’une conférence de presse devant le grand miroir du salon de sa petite maison.
(d’édition.)