Roman
Le petit éditeur s’arrêta devant la lettre M… Me…Me…Mel… et tira Moby Dick du cimetière où reposaient ses meilleurs livres puis le lança sans transition à
la vitesse du harpon contre le flanc du romanesque français, flottant dans sa baignoire, quelques romans à bout de souffle pour une pêche à la ligne improvisée, cibles faciles, qui auraient
mérité une fin dans un hospice spécialisé. À défaut, un linceul pudique. Bref, qu’on passe à autre chose.
– Voilà le bon côté du romanesque français, riait David Marsac harponnant à tout-va au risque de voir sa baignoire chavirer.
Le huitième jour, arrivé en retard, le petit éditeur vit que Dieu avait fait son travail : paysages, personnages, une intrigue accablante. – Que
vouliez-vous qu’il fît ?
Un livre, deux rames et un lecteur pour propulser l’ensemble. Et nous ramons depuis dans les romans.
« Quiconque cherchera un sens à ce livre s’exposera à des poursuites judiciaires, quiconque y cherchera une morale sera chassé du pays, quiconque y cherchera une
intrigue sera fusillé. »
J’envoie nos deux premiers ouvrages publiés au premier lecteur ou à la première lectrice qui me donnera le nom et la source de ce « formidable ironiste »
cité et oublié par Marthe Robert dans La vérité littéraire, Grasset, 1981, p. 185. Ce n’est pas une menace, mais un cadeau.