Traduction
La reliure est ma religion ; le brochage, mon dogme. Un livre sans fil est un texte, un fichier, un flux – la plage de Biarritz !
Je viens à nouveau d’en faire l’expérience avec mon exemplaire de poche d’Ungaretti, Vie d’un homme, à peine ouvert depuis plus de vingt ans. Il était souple à cette époque. Dépôt légal : 1973 ; impression faite en février 1981 (on souperait bientôt de socialisme indécollable).
Au-delà des questions techniques, l’expérience me confirme une chose : les livres brochés, avec fil donc, et puis collés ont une existence quasi infinie à l’échelle d’une vie humaine : au moins cent ans. Mon exemplaire bâclé-collé d’Ungaretti sans fil en porte témoignage contraire. La prolifération des livres industriels collés, loin de constituer une avancée technologique en matière de colles supposées révolutionnaires (comme les chevaux de course d’Ulrich), induit plutôt un rapport ambigu aux textes imprimés. La faible durée de vie d’un livre collé, quand il ne craque pas à l’ouverture, feuilles au plafond, sème un doute immédiat sur la valeur que l’éditeur attribue à son contenu. Le fétichisme développé pour la pléiade est l’un des signes d’une canonisation du texte, du livre, de l’auteur et sans doute du lecteur accédant à l’objet relié, cousu, doré – en quelque sorte bibliothécable – de la collection réputée prestigieuse, solide, durable. Magique. Il s’agit en réalité d’un banal livre relié auquel l’éditeur offre une postérité matérielle qu’il refuse au format de poche (dont les exemplaires surnuméraires des salons de Paris ou d’ailleurs sont systématiquement pilonnés).
C’est comme si le contenu d’un livre, privé de sa longévité matérielle, perdait aussitôt de sa valeur. (La présence de d’Ormesson en pléiade rend le débat plus épineux et ma démonstration moins claire. Faisons pour le moment comme si.)
Je veux dire ceci : mon petit volume d’Ungaretti, parti en foglie e grumi, feuilles et morceaux, je peux le remplacer au même format pour 11€80. Je renouvelle mes jeans Cerruti, pourquoi pas mes Ungaretti ? Reste que son remplacement laisse intacte la question de la valeur attribuée à son contenu : pour moi, elle est infinie, mais en l’absence d’une traduction des œuvres complètes, il est permis de douter de celle que lui attribue son éditeur principal en français. Le choix de publier Jean d’Ormesson en pléiade accentue les doutes au-delà des glapissements de quelques lettrés intempestifs. Les publications disparates, parcellaires, sans suite, typiques de l’édition française en place, affirment parallèlement une même vérité radicale : les auteurs valent le nombre d’exemplaires vendus indépendamment de leur contenu. Les volumes dépareillés de nombreux poètes en attente d’une suite éditoriale cohérente (Brodsky, Ungaretti, Celan…) ou l’indisponibilité des volumes déjà traduits (Szymborska, Montale…) donnent le ton, la mesure et le rythme de notre religion littéraire, limitée à l’instant. D’où, à l’opposé, l’importance pratique et symbolique de la reliure, au risque du fétichisme.
Un livre est cousu et collé. À défaut, c’est une planche lisse – surf sur toutes les lignes.
L’attachement de Gallimard aux classiques scolaires, accessibles simultanément en pléiade et en poche, indique l’orientation éditoriale prise depuis quelques décennies en direction d’une culture touristique de masse : petits shorts et grands monuments.
L’impression de livres collés, privilégiée par l’édition contemporaine, préfigure plus largement le passage de la profession à la temporalité des écrans tactiles (du short, du short et du mini). On s’en met plein les yeux, on s’en crispe les doigts – Et l’hypertexte balaie le texte : retour du flux.
Le livre collé et le fichier numérique relèvent de la même logique des flux à la demande d’une culture/civilisation dont l’impulsion ou le clic est sans désir ni durée, renouvelable à l’infini des jeans Ungaretti. Le texte : bolo bolo pour écran plat.
Cette perspective ne me gêne pas. Je l’appelle même. Secrètement, elle me ravit. Nous y verrons plus clair une fois notre champ de vision dégagé : si l’on excepte les foules aux têtes penchées, la culture numérique partout agissante reste essentiellement invisible. Les contenus sans réalité palpable n’y ont plus aucune présence, hors les flux souterrains qui les acheminent : ni usure, ni durée, ni destination précise malgré les profilages. Du vide et de l’espace à la surface du monde – où se presseront à nouveau les quelques milliers de lecteurs de Schmidt, Ungaretti, Brodsky, Noël – leurs œuvres au grand complet (idée à préciser).
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PS : Étonnante, aussi, dans ces traductions de Jouve, Jaccottet, Lescure, Mandiargues, Ponge et Robin, la beauté de la langue française de Giuseppe Ungaretti !
C’est en feuilletant un recueil de poèmes de Iosif Brodskij, traduits par Giovanni Buttafava, éditions Adelphi, que j’ai découvert le joli mot Ninnananna – Berceuse du Cape Cod. L’ouvrage était placé en facing, comme disent les libraires, afin d’accélérer l’acte de prédation du lecteur hésitant. Je n’ai pas hésité. Littérature bilingue oblige, dans deux langues que je ne comprends pas. J’étais en vacances, à l’affût, dans la rue et dans les rayons. À Florence, la beauté sort des shorts arrondis et tirés à l’extrême limite de la vision, rien du burkinini objet de leur ressentiment déçu (le cul des femmes est plus que jamais un espace politique). Comme les publications de poésie.
À Florence, la librairie Feltrinelli a deux points de vente. L’un à la gare, l’autre au centre, à deux pas. Fondée par un éditeur d’avant-garde dans les années 50, si je ne dis pas de connerie, l’enseigne semble aujourd’hui constituée d’un réseau de librairies-snacks, disséminées dans le pays. Une sorte de Fnac à laquelle manqueraient les aspirateurs. Feltrinelli est l’éditeur italien de Foucault et Beigbeder. Ça se perçoit dans la vitrine. C’est visible dès l’entrée. Courage, lecteur ! La seule manière de passer outre à tes premières impressions = le rayon poésie. Lui ne ment pas.
Il m’a paru fourni malgré sa modestie spatiale (1m 50 de haut sur 3 de large). J’ai pris mon temps. En vacances, légitimement je vaque. J’ai constaté à même les rayons, courant de l’une à l’autre des boutiques, ce qui nous manque. Les voyages forcent les comparaisons.
De haut en bas, debout, plié, à quatre pattes, j’ai tâté un à un les volumes, dépoussiéré les rayons : du solide, du bilingue, des auteurs rêvés au grand complet, des éternels regrets en attente de réimpression, des inconnus, des inconnues, des livres quoi ! – étonnement dont je me remets lentement (+ rhumatismes aigus).
Tout Celan en un volume bilingue relié, Tout Szymborska en gros volume bilingue de poche, Tout Rilke relié bilingue, Tout Tzara en un volume bilingue, Tout Montale relié façon Pléiade, Ungaretti, Amelia Rosseli, Caproni, Tutti, etc. (Tout Houellebecq aussi).
Povero me ! + Tout Ovide (latin /italien), Homère, etc. Mama mia !
Avant de partir pour l’Italie, j’avais cherché à compléter mon Montale de poche par les 8 ou 9 volumes bilingues jadis publiés par Gallimard. Indisponibles pour la plupart. Ungaretti, même dépit, du dépareillé d’occase. Incidemment, Fayard n’a pas réimprimé les deux volumes bilingues sortis depuis l’attribution du prix Nobel à Szymborska en 1996.
En Italie, vingt ans de Berlusconisme ont rendu accessibles dans une gare de province en éditions bilingues les grandes œuvres de la poésie européenne. En France, vingt ans de socialisme culturel garantissent à tout lecteur désormais citoyen et Charlie l’achat des œuvres français-français de Mathias Enard et de Maylis de. (Figurez-vous cela : chez Einaudi, les petits volumes de poésie du monde entier, près de 400, sont tous – quasiment tous – cousus.) Le monoglottisme, olympique et français, nous rend invisible la réalité de notre inculture. Pas besoin d’un burkini pour l’occulter.
Le lecteur de poésie aura plus vite fait d’apprendre l’italien (l’allemand, le polonais, le russe) que d’attendre la traduction des œuvres complètes de tel ou tel Qui-ça plus ou moins lauréat d’un prix Nokia.
J’ai préféré acheter sans attendre les petits volumes italiens. Puis me suis mis à mes nouvelles rosettes.
J’avais écrit en mai dernier aux éditions Fayard pour demander où en était la réimpression de Szymborska (Alors, ça vient ?) – Pas de réponse. Un lecteur ne compte pas. Les éditeurs sont occupés à construire pour la galerie, avec des libraires épuisés, l’illusion d’un système de diffusion indépendant. Soumises à la chaîne du livre, on se demande de qui les librairies sont aujourd’hui indépendantes. À la Sodis (Gallimard), le paiement des factures est dû à 30 jours quand un livre de poésie met parfois un ou deux ans à trouver son lecteur. Le choix du libraire indépendant est vite fait. Visez un peu ici l’indépendance des librairies indépendantes qui ont reçu le petit bleu indépendant. À quoi bon des textes, quand nous avons des prix ?
Au fond, on s’en fout un peu. Installé dans notre jardin babylonien, notre rentrée est déjà fête. En septembre paraîtra en anglais le maître opus d’Arno Schmidt, Zettel’s Traum := Bottom’s Dream grâce aux soins de John E. Wood. Les amateurs s’en impatientent depuis plusieurs années. Peu de cas en France et en français (on prend Rayas Richa, pseudo levantintin de Claro Iconodoule, pour l’inventeur d’une langue – Les Visiteurs 3).
L’année passée, Nadeau avait réimprimé Soir bordé d’or, manquant depuis vingt ans au catalogue de l’éditeur. Schmidt, c’est quelque chose comme Joyce et Beckett, en langue allemande. Rien de la préciosité rare ou du snobisme psychotique en vigueur Place Saint-Supplice, chaque mois de juin. Je parle ici de l’équivalent littéraire de la tour (un peu) penchée de Pise et de la relève de l’avant-Garde. Tiré à 500 exemplaires, le livre a trouvé 82 acheteurs en un an, selon des sources fiables mais secrètes. Pour que Mathias et Maylis puissent exister, il faut que Schmidt d’une certaine façon reste invisible, voire illisible. Tous les ajustements intermédiaires sont évidemment possibles pour rendre plus exacte la mesure de ce jugement personnel. Les journaux à ma connaissance n’en ont pas parlé (Le Matricule d’aisance peut-être ?). Ptyx y a fait allusion.
Voici un autre signe étonnant de l’incurie de l’édition française, que l’on décrit active, curieuse, exemplaire. En relisant partiellement Brand’s Haide en anglais, faute de la disponibilité du texte en français, je me suis arrêté sur un point de détail : Brand’s Haide fait partie avec Miroirs noirs et Scènes de la vie d’un faune d’une série intitulée en allemand Nobodaddy’s Kinder. Les éditions françaises = pas flute, pas mot. Rien chez Tristram, rien dans les préfaces, rien dans les postfaces. Tu peux le retourner dans tous les sens. Malone Meurt. Molloy Innommable. La série a pourtant été conçue par Arno Schmidt, après tours et détours, comme une trilogie : la vie ordinaire sous le nazisme (Scène de la vie d’un faune) ; l’après-guerre et les aspirations à une vie nouvelle (Brand’s Haide) et la vie dans un futur apocalyptique (Miroirs noirs). La cohérence est formellement voulue. Selon le principe que la sécurité est l’affaire de tous, les éditeurs français restent muets jusqu’à l’indécence. Que le lecteur digère en paix ! J’imagine aussi des questions insolubles de droits dont le lecteur grand enfant n’a pas à être informé. (La cigarette de Malraux, la pipe de Sartre, le Journal indigeste de Maurice Garçon.)
Vraiment. On s’en fout. Un peu. Il nous reste la poésie en langue inintelligible – origéniale celle-là.
Toi aussi, après avoir acheté ton chapelet de patience multilingue, répète après le poète (con furia) :
« Un gatto piú un gatto fa due gatti »
– Qui lit en Italie ? – Réponse de Montale : Les gens pourvus d’une grande échelle.
Je reprends les comptes.
Il faut parfois plus d’une année pour récupérer un chèque de 30 euros auprès d’un libraire (nous lui épargnerons la honte du pilori, tairons son nom, elle passe parfois sur France-Inter). Je le savais. Je le sais à nouveau.
Quand un libraire ne paie pas sa facture, quelle qu’en soit la raison, certaines structures de diffusion-distribution parmi les plus indispensables ferment le compte du libraire. Fini ! Tu paies ou tu la fermes, ta boutique. Le message est clair : dans tous les cas, tu la fermes ! Ça rend certains libraires indépendants parfaitement dociles aux injonctions du capitalisme militant, moins aux relances des petits éditeurs (geignons un peu, c’est les vacances). Chaque cabotin de la chaîne du livre a très bien compris le rapport des forces en présence.
Il existe quelques libraires encore dédiés à leur métier (la lecture, les choix, les recommandations). À L’Écume des pages notamment. Comme ils aiment bien nos livres depuis Brodsky, on en profite ici pour faire un peu de pub auprès des 30 lecteurs (parfois 50, rarement 100) de ce blog intégral. L’Écume des pages est désormais la seule librairie du 6e arrondissement, juste à côté du Flore où Simone de Beauvoir, une aristocrate, venait faire admirer en terrasse ses derniers sacs Vuitton en compagnie de Sartre, un philosophe tabagique. Il ne reste plus grand monde. La Hune a fermé ses portes en juin. Le fait est connu depuis plusieurs mois. Je l’ai appris hier par le libraire Jean-Pierre Thomas, rue Saint-André-des-Arts, où j’achetais, il y a des décennies, Alain commentant Valéry sous cartonnage Bonet, et d’autres titres encore (Mauvaises pensées et autres, de Valéry). Il ne reste donc plus qu’une librairie substantielle dans le quartier. Le Divan s’est replié dans le 15e en 1996 ou 97 pour laisser place à un peu plus de mode et de luxe dans les rayons (Le dernier nylon de Yannick Haenel, je vous prie ?). La Hune et Le Divan appartiennent au Groupe Gallimard. Il va falloir en sacrifier du monde et de l’espace pour éponger le rachat de Flammarion.
Justement, je reçois ce matin un appel du Divan. J’y ai acheté la plupart des livres de Marina Tsvetaïeva publiés par Clémence Hiver, à l’époque où la librairie se trouvait où se trouvait la Hune qui ne s’y trouvera plus (vous saisissez le principe). C’étaient – ce sont de très beaux livres reliés, à emboîtage pas très maniables, souvent bilingues, qui à l’époque dont je vous parle, il y a vingt ans, vingt-cinq, posaient son homme et son lecteur auprès des filles, des femmes, des hommes. Le rayon poésie offrait des découvertes. Il reste L’Écume des pages, son rayon poésie est directement sur la gauche une fois passé l’entrée, un gage de qualité.
Le stagiaire qui m’appelle (en été, c’est les enfants des éditeurs parisiens qui tiennent les comptes et qui se font des ronds avant la rentrée des prépas, profitons-en tant qu’il en reste, des ronds et des prépas) souhaite me renvoyer le dernier exemplaire des Vingt sonnets à Marie Stuart de Joseph Brodsky. Me renvoyer ? Je reste songeur. Me renvoyer le dernier exemplaire des Vingt sonnets à Marie Stuart de Joseph Brodsky. Moi, à sa place (je n’y suis pas mais faisons comme), moi à sa place, j’aurais gardé précieusement un si bel et dernier exemplaire. Ils en ont vendu quelques-uns mais ne souhaitent pas garder le dernier. Stratégiquement, c’est une erreur (Littérairement, c’est un crime).
Dans trois semaines, un client passera commande et il faudra le leur réexpédier. Ça ne manque jamais d’arriver. Je vous tiens au courant. Je prépare le paquet.
J’ai insisté. J’étais commercialement dans un bon jour. Je sentais l’argumentaire de vente fluide en moi. Cela m’arrive parfois. Parfois pas (c’est un tic que j’ai pris à Philippe Annocque, qui me plaît bien, parfois pas, ça laisse le temps de penser à la suite et ça donne un tempo à la phrase – ou est-ce un rythme ?). Pourquoi pas ? Le Divan fait partie du groupe Gallimard. Brodsky est un auteur de cette maison, certes peu vendu, mais de Chez Gallimard tout de même. Je fais vibrer la corde patriotique en tenant mes aigus – mais de Chez Gallimard toute de même !!! Rien à faire.
Comme eût dit un autre auteur de la maison, qui se vend bien contrairement à Brodsky : Baste !… Niet !… Nichts !… Frout-frout !…
– On ne peut pas tout garder.
Un exemplaire des Vingt sonnets à Marie Stuart de Joseph Brodsky ça encombrerait les divans de la librairie du 15e. Où les lecteurs iraient-ils somnoler sur le dernier Haenel ? Sollers ? Houellebecq ? (La Hune vient de fermer.)
L’argument m’a semblé imparable. Dans la vie, faut choisir. Choisir, c’est renoncer. Renoncer, c’est choisir. Le temps passe et ne reviendra plus. Tout est dans tout et vice-versa.
Ainsi Brodsky : retour à la case départ.
Je l’aime beaucoup ce livre de Brodsky. Je me suis fait plaisir (je me suis fait aussi plaisir en éditant les autres livres, les gars ! Pas de misunderstanding entre nous ! Que du standing).
Ce livre des Vingt sonnets, je le referai autrement quand je le referai. J’y ajouterai en guise d’introduction le texte de Peter France sur sa traduction des sonnets et sa propre version, avant les révisions faites par Brodsky. Brodsky en avait autorisé la publication en plus de la version qu’il a revue. Cela ferait un livre en cinq versions ! A five-fold book ! De quoi nous rappeler le collège (les prépas pour les plus doués) ! On n’en finira pas avec ce livre et avec cette question de ce qui fait qu’un texte traduit (ou pas) est littéraire (ou pas).
Car nous aurons besoin d’en faire une deuxième édition, de ce livre, elle aussi inédite, quand nous aurons écoulé la première. De la bonne came, finalement : poésie et lecteurs, un assemblage auquel on avait renoncé à croire. Et maintenant on y recroit.
C’est dommage que nos autres bons livres ne s’achètent pas autant. Tout de même si : Le Plancher est en deuxième position.
Je prépare un autre choix de poèmes de Brodsky, en rêve pour le moment. La série des poèmes à M.B. m’intéresse. Elle n’a jamais été publiée en volume en français. Le volume proposerait plusieurs versions – dans un arrangement lui aussi inédit qu’il reste à inventer (j’ai mon idée).
Rendez-vous dans trois ans.